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Notes

Notes quotidiennes sur la société, la politique, la culture...


14-10-2024 : La montagne sacrée et quelques éprouvettes de laboratoire

La montagne sacrée est un chapitre du cycle de La Rose de Jéricho dont j’ai édité un livre hors commerce chez Noir de l’âme, un label que j’ai créé en 2015, qui regroupe une marque de vêtements et une maison d’édition. L’année prochaine, la marque aura 10 ans et je ne pense pas la renouveler à l’INPI, à voir ! Pour en revenir à La montagne sacrée, cette première édition – tirée à moins de 100 exemplaires, est restée en partie dans des cartons, pour diverses raisons. J’en offre quelques exemplaires de temps à autre et il doit m’en rester une bonne cinquantaine à la cave, bref !

Actuellement, je travaille sur le premier livre officiel consacré à ce projet, dont la parution est prévue début 2025. Il y a quelques jours, mon ami Ploum, dont le nouveau livre Bikepunk sort le 15 octobre chez PVH – avec une illustration de couverture réalisée par mes soins, a consacré un article à notre amitié créative qui m’a touché en plein cœur. Sous le titre : Seuls les fous en tentent l’ascension, l’article parle de folie, de création, d’artistes, de ronflements et… de montagne.

Il n’y a jamais de hasard dans la vie.

Au moment où j’ai reçu son message – « Bruno, tu n’as pas un dessin sous le coude pour illustrer un article que je prépare sur l’art, la folie et la montagne ? » – j’étais justement en train de trier mes dessins et mes archives liés à La montagne sacrée.


13-10-2024 : Service du dimanche

Chaque dimanche, je frapperai votre écran avec une petite note dominicale simple et inspirante, à apprécier à votre guise.

Humata, Hukhta, Huvarshta (bonne pensée, bonne parole, bonne action) est la principale doctrine du Zoroastrisme. Trois mots qui commencent par la même lettre et qui résonnent comme une évidence. Une incantation dont le message tend à nous guider sur le chemin de la sagesse.


12-10-2024 : Qu’ils aillent tous se faire foutre, vive l’underground pixelisé !

Mes nuits ressemblent à celles que j’ai pu vivre dans les années 80/90, longues et enfumées. De cette période, je garde également le souvenir d’une ébullition, de crobards entre potes sur des coins de table, d’articles hallucinés et de photocopieuses qui crachaient nos fanzines déjantés. Puis, grâce à l’avènement du net, il y a eu les forums, les pages persos, les premiers webzines et autres sites enragés. Mais bon, ça c’était avant. Aujourd’hui, les fanzines sont délavés et le net ressemble plus à un espace publicitaire, une machine à fric, un supermarché à données.

S’il y a bien un truc qui me turlupine depuis que j’ai eu l’idée de publier mes notes, c’est comment retrouver cette liberté de ton en cette période aseptisée ? Mec, dans quoi tu t’es encore lancé ? Et puis, l’esprit de ces années-là a repris le dessus : qu’ils aillent tous se faire foutre et que souffle à nouveau le vent de la contre-culture, de la conscience et de la contestation… Vive l’underground pixelisé !

Salutations sauvages.


11-10-2024 : Alors, que vais-je faire de ce site en .com ?

brunoleyval.com est l’adresse « historique » de mon site que je n’utilisais plus depuis bien longtemps, remplacée par un brunoleyval.fr plus approprié pour partager mon œuvre.

Artiste engagé, je pense que l’art doit servir socialement à quelque chose et que mon œuvre ne peut en aucun cas se résumer à une beauté décorative. En partant de cette conviction, j’ai utilisé tous les moyens en ma possession pour véhiculer un message fort en faveur des droits et biens fondamentaux. C’est ce que j’ai toujours fait, incluant dans mon travail une dimension politique, humaniste et contestataire.

Aujourd’hui, je me suis éloigné du monde de l’art et de ses artifices, des clients « prestigieux », des galeries… pour me consacrer à des projets artistiques personnels, à l’édition et à l’écriture. Ma présence en ligne s’est également raréfiée, pour se cantonner à mon site personnel et à un compte sur le réseau décentralisé Mastodon. Ma visibilité et mon impact médiatique s’étant fortement amoindris, quelles sont les options qui s’offrent à moi pour espérer être utile un minimum ?

Dérèglement climatique, guerres, pillage des ressources naturelles, montée des inégalités, de la haine… L’artiste est témoin de son époque, témoin d’un monde en péril ! Avec sa sensibilité, il tente de retranscrire ses émotions à travers son art, puis cherche à le diffuser au plus grand nombre. Fort est de constater que cela est insuffisant !

Alors, que vais-je faire de ce site en .com ?

Pourquoi ne pas en faire un espace de lutte, un endroit pour penser et agir, où en dehors de l’aspect artistique, le citoyen du monde que je suis serait au service du collectif, participerait à la réflexion sur la transition écologique et sociale, avec des actions concrètes en faveur du bien commun.

Le militantisme n’est pas destiné aux paillettes et aux récompenses, il est synonyme de rupture et de sacrifices. Humblement, en parallèle de mes activités artistiques, il est temps pour moi de réfléchir à d’autres moyens d’apporter ma pierre à l’édifice.


10-10-2024 : Experts cartonnés

Ils ont eu raison de mon oisiveté, de ma curiosité et de ma patience. Minuit à sonné et j’interromps brutalement un débat d’experts cartonnés pour torcher cette note. Un sujet qui s’enlise et des discussions en boucle, des montages orientés, des paroles creuses comme des vérités… La pauvreté d’une information préfabriquée, une TV poubelle pour attardés domestiqués. J’ai réussi à tenir une bonne heure devant tant d’inepties, virevoltant avec grâce d’un programme à l’autre, d’un canal à l’autre, d’une infamie à l’autre.

Du pain et des jeux qui disait. C’est exactement ça, du pain et des jeux ! Nous assistons impassibles à une véritable paupérisation intellectuelle massive du peuple – dont les médias mainstream sont le bras armé. La fabrication du consentement chomskyenne panthéonisée.

Bon, ils se fait tard et je ne vais pas m’étendre sur un sujet qui mérite plusieurs pages, au risque de me rapprocher d’une rhétorique digne de ces pauvres experts télévisuels blêmes en quête d’absolution. Ma nuit est plus précieuse qu’un quelconque intérêt cathodique *.

Bien entendu, généraliser c’est s’égarer ! Mais l’égarement n’est-il pas le meilleur moyen de trouver son chemin !?!

* Un tube cathodique est un tube à vide constitué d’un filament chauffé, d’électrodes en forme de lentilles trouées qui, soumises à une différence de potentiel, créent un champ électrique accélérant les électrons…

Bref, l’ancêtre de ta smart TV à la con.

Voilà un final bien grandiose !


09-10-2024 : Écriture automatique

L’écriture automatique vue par André Breton : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

coded language

l’introduction de mots et de phrases sur le papier : jeux d’écriture et poésie fragmentée. une écriture en ébullition, anarchique, envahit l’espace telle une plante proliférante. elle accompagne les figures et les membres, les tâches de couleurs et les signes/symboles d’une iconographie personnelle, d’un langage intérieur. la magie incantatoire des mots, empruntés aux mythes constitutifs de nos sociétés, appelle des images qui appellent des mots, qui appellent des images… une simultanéité d’informations contradictoires, qui ne prennent véritablement un sens qu’une fois assemblées. un souffle pictural et narratif. un mixage de documents, d’incantations, de références autobiographiques, d’agencements phonétiques, des interrogations, des dénonciations crépitantes, des rafales de mots issues de l’inconscient, de l’écriture automatique, des mass-médias, de la rue et de son langage, des graffitis sur les murs, du jazz au rap, musiques d’improvisation… une mosaïque d’images intérieures, un esthétisme de la fragmentation, un zapping médiatique, un mélange de croquis, notes, logos, dessins déchirés, pages d’écriture griffée, rébus et déclinaisons, répétitions, brides de vies, œuvres inachevées, histoire de l’art remixée, recyclage, sigles, expressions à la mode, argot, de la tâche à la ligne, du collage dadaïste au cut-up beat, du festin nu à la figuration libre, une méthode, une pensée, un totem artistique imperméable au temps, un puits, un réservoir de mots et d’images réutilisables à volonté, toujours réactualisé, toujours réinventé.

Il me semble que le but à atteindre – le désir d’être lu et reconnu, détruit la spontanéité. Faire pour faire suffit à soi-même. Faire dans l’ombre finie par nous éclairer. Le jaillissement d’un texte issu du subconscient est un signe d’honnêteté. Avec l’écriture automatique, ni la conscience, ni la volonté n’interviennent pour parasiter la créativité. Voilà une belle façon d’écrire, d’écrire pour écrire, en toute liberté.

Les rochers ont des pupilles fragiles

Ils parlent sans cesse de l’aube de quelque chose, de renouveau, d’un monde nouveau. Soit ! Nous avons la possibilité d’en faire autre chose, peut-être quelque chose de mieux, d’un peu moins mauvais. Tout n’est qu’une question d’envie pourtant. Sur le haut de la colline, entouré de bois planté, du bois flottant à l’allure noueuse, bien aligné, se dresse un rocher taillé. Un long et puissant rocher qui regarde l’horizon. Les rochers ont des pupilles fragiles. Sur le versant ensoleillé, l’herbe chaude presque brûlée, nous emmène vers un petit village aux toits passés. L’église n’a plus de clocher et la seule route d’accès est obstruée. Le boulanger a les cheveux blancs, à la farine gominée. Il y a de la résistance au passé, un esprit délavé sur les photos des terrasses qui occupaient le pavé.

Ce texte vaut ce qu’il vaut, mais pour moi, il est parfait.


08-10-2024 : Bloqueurs, nostalgie et rangement

Mon premier choc artistique a eu lieu au milieu des années 80, le jour où j’ai eu entre les mains la BD Ranxerox dessinée par Tanino Liberatore sur un scénario de Stefano Tamburini. Sexe et ultra-violence dans un univers post-moderne déjanté, une claque absolue. Alors oui, cette œuvre sulfureuse appartient à une autre époque et certains sujets abordés ne sont plus concevables de nos jours, mais là n’est pas le propos qui mériterait à lui seul un article dédié et complet. Ce que je retiens avant tout de cette rencontre, c’est la puissance du dessin de Liberatore qui, avec Moebius, deviendra ma plus grande influence graphique. Je retiens également l’univers cyberpunk qui se dégage des planches, ce mélange de technologie et de chair, d’électronique et d’informatique.

Ma rencontre avec l’informatique s’est faite sur un Thomson MO5 au milieu des années 80, grâce au plan informatique pour tous (IPT), programme mis en place par le gouvernement Fabius. Comme pour la BD Ranxerox, cette petite case magique fut pour moi une claque absolue.

L’évolution de mon parcours artistique est indissociable de mon intérêt pour l’informatique. L’arrivée d’internet, des forums, des blogs… ont été de formidables tremplins pour la reconnaissance de mon œuvre. Depuis le début, j’ai voulu maîtriser le maximum de choses pour être le plus indépendant possible : HTML/CSS, WordPress et autres moyens pour construire seul mes sites, ma communication, mon image numérique et artistique. Puis, sont arrivés les réseaux sociaux.

Chaque réseau social a réellement été un moyen de visibilité pour mon art, source de belles opportunités, du moins au début. Puis, c’est devenu un obstacle à ma créativité, pour finir par être la source de mon invisibilité. Algorithmes, contenus sponsorisés, pages, profil privé, timeline… ne plus créer, mais produire du contenu pour espérer être encore vu, aimé, liké… le piège s’est refermé.  Alors oui, je leur dois certainement une partie de ma reconnaissance, mais assurément la totalité de mon désir d’absence pour diverses raisons, dont la préservation de mes données personnelles.

Et aujourd’hui, alors ?

Il est fascinant de constater à quel point la mise en place de diverses protections, dont le but premier est de préserver mes données et ma vie privée, est un handicap majeur à mes habitudes numériques. Ces protections, quand elles ne les rendent pas tout simplement inaccessibles, ralentissent énormément le temps de chargement des sites que je souhaite consulter. Loin de m’exaspérer, j’y vois une magnifique opportunité de faire le ménage, d’épurer mes habitudes digitales et surtout, de reprendre le temps de chercher des sources qui respectent mes droits et ma liberté.

J’ai quitté les réseaux propriétaires depuis pas mal de temps et je le vis très bien. Pour tout vous dire, je n’ai jamais été autant créatif. Pour offrir à mon art – outre mon site, un minimum de visibilité, j’ai un compte Mastodon, tout simplement, avec des vrais gens dedans. L’impact sur la vente de mes livres est inexistant, bien au contraire. Quand j’en ai assez d’être devant mon écran, j’ai aussi une bibliothèque bien fournie où se croisent – attention, name-dropping d’anthologie : l’Internationale Situationniste, Jean Baudrillard, Noam Chomsky et David Graeberg, mais aussi Antonin Artaud, Simone Weil, Christian Bobin, Albert Camus, Jean Genet, Patti Smith, ou encore Pablo Picasso, Jean-Michel Basquiat, Le Caravage, Pierre Alenchinsky… Sans parler des bandes dessinées de Richard Corben, Bernie Wrightson, Robert Crumb, Milo Manara, Hugo Pratt, Enki Bilal… Bref, j’ai à ma disposition une multitude de livres et d’auteurs dont la lecture a l’avantage de ne pas être polluée par des boîtes de cookies et des pubs pour un spectacle chinois.

Comparaison n’est pas raison, mais ceci n’est qu’une simple – et longue note quotidienne, succédant un weekend nostalgique passé à ranger ma bibliothèque, redécouvrant des pépites poussiéreuses et m’exaspérant devant mon écran pollué de pop-up antiques.


07-10-2024 : Qui est le rêveur ?

J’ai dans l’idée de construire un projet vidéo, une série de courts-métrages sur le thème du rêve, avec un format un peu dans l’esprit des Screen Tests d’Andy Warhol. Chaque participant, face caméra, me raconterait un de ses rêves. L’idée m’est venue il y a quelques années en visualisant Interview Project de David Lynch, sorte de road-trip où le réalisateur de Blue Velvet filmait les laissés-pour-compte de l’Amérique. Le rêve, sujet onirique par excellence, me permettrait de filmer des mini-portraits de gens qui me parleraient de leurs voyages nocturnes, de leur inconscient. Cela me semble bien plus profond qu’un simple entretien. En attendant d’avoir la possibilité, les moyens, le temps et l’énergie de réaliser ce projet, je travaille sur une série de photographies sur le même thème. L’avenir me dira si ces photographies très « Lynchiennes » sont effectivement les prémices de ce projet vidéo en devenir. À suivre…


06-10-2024 : La clé

C’est tout un système qui se met en place, un système complexe qui a ses propres codes, hermétiques à souhait, dont seul le créateur a le secret. C’est comme une clé de décryptage. Chacun devrait avoir sa propre clé, son propre univers. Je ne parle pas de son intérieur, de son chemin intérieur, je veux parler de son monde inconscient, celui qui influence toutes choses. Si tu trouves ta clé pour injecter des demandes à ton inconscient, tu influes fortement sur ton conscient. C’est la source et la solution à tous tes problèmes.


05-10-2024 : Un chariot à l’envers

Redressement judiciaire, pas de repreneur, concurrence… Le 16 juillet 2024, l’entreprise Caddie – société française fabriquant des chariots de supermarché, a fermé définitivement ses portes, laissant 110 salariés sur le parking. Je ne vais pas m’étendre sur notre incapacité à protéger nos entreprises, mais dans cette affaire, c’est le symbole du chariot qui a retenu mon attention. Il y a quelques années, sur un parking de supermarché, j’ai pris cette photo d’un chariot renversé. Immédiatement, j’y ai vu une sorte d’icône de l’effondrement capitaliste, que j’ai associé mentalement à cette citation de Kenneth E. Boulding : « Celui qui croit qu’une croissance infinie peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ». J’ai également pensé aux couleurs saturées des photographies de William Eggleston, notamment celles qu’il a réalisées sur les supermarkets dans les années 60.

Le chariot, cet objet emblématique du capitaliste, échoué sur le bitume, comme une extinction, la fin d’une espèce, d’un règne… C’est une image que j’affectionne particulièrement, une image forte et utopiste qui réveille le militant qui bouillonne en moi.


04-10-2024 : Règles de Crocker

« Adopter les règles de Crocker autorise vos interlocuteurs à optimiser leur message pour le transfert d’informations sans se préoccuper d’amabilités. »

J’ai découvert Les règles de Crocker lors d’un échange avec un ami automaticien qui a pour habitude de ne pas s’embarrasser avec les formules de politesse. Ses courriers électroniques sont en texte brut, sans fioritures et vont à l’essentiel. Il applique donc Les règles de Crocker à la lettre, va droit au but, le plus simplement possible, sans se préoccuper d’amabilités sociales futiles, ce qui interpelle régulièrement les destinataires de ses courriers.

« Les règles de Crocker imposent que vous acceptiez l’entière responsabilité du fonctionnement de votre esprit – si vous êtes offensé, c’est votre faute. N’importe qui peut ainsi vous traiter d’imbécile tout en prétendant vous faire une faveur (ce qui, en fait, serait le cas, une fois éliminée la peur d’être franc). »

J’y vois un exemple parfait d’hygiène numérique, de communication saine, de franchise et de liberté. Même si mes mails sont de plus en plus minimalistes, j’ai encore un peu de mal à m’abstenir d’un « bonjour » et d’un « merci », mais j’y travaille.

Les règles de Crocker portent le nom de leur théoricien – Lee Daniel Crocker, programmeur informatique américain.


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