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15-10-2024 : Comme une pomme sur un plan de travail

Avec l’âge, on mûrit, comme une pomme laissée plusieurs jours sur un plan de travail. Le corps et l’esprit se ramollissent légèrement, ils se parent de dégradés pastels, puis de couleurs plus sombres, pour finir par pourrir. Passé la cinquantaine, le pastel devient le médium de prédilection, puis le noir de fumée achève l’œuvre d’une vie. Moi, j’ai tout fait à l’envers, un peu à la façon de Benjamin Button. Depuis tout petit, c’est l’encre de Chine qui m’a choisi. C’est en sa compagnie que je me sens le mieux. L’encre, profonde et mystique, va à l’essentiel et ne supporte que peu d’écarts. Elle pousse ainsi à la maîtrise et à l’excellence.

Il est beaucoup plus difficile de se maintenir à un niveau moral élevé que de végéter dans la médiocrité – Andreï Tarkovski

Après plus de 40 ans de pratique et autant d’années passées à méditer au bout de ma plume, l’encre reste ma boussole morale et me maintient en état d’alerte et d’exigence constante.

Depuis l’âge de cinq ans, j’ai la manie de recopier la forme des choses et depuis près d’un demi-siècle, j’expose beaucoup de dessins ; cependant je n’ai rien peint de notable avant d’avoir soixante-dix ans. À soixante-treize ans, j’ai assimilé légèrement la forme des herbes et des arbres, la structure des oiseaux et d’autres animaux, insectes et poissons ; par conséquent à quatre-vingt ans, j’espère que je me serai amélioré et à quatre-vingt-dix ans que j’aurai perçu l’essence même des choses, de telle sorte qu’à cent ans j’aurai atteint le divin mystère et qu’à cent dix ans, même un point ou une ligne seront vivants. Je prie pour que l’un de vous vive assez longtemps pour vérifier mes dires – Hokusai


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