Autrefois source de documentation qui alliait découverte, plaisir de la recherche et érudition, aujourd’hui les écrans ne sont que source de (mauvaise) distraction, pénibilité d’accès et surenchère visuelle. Par leurs systèmes centrés sur la captation de l’attention, par la diffusion inutile de contenus inutiles, ils abîment la créativité, ma créativité. Je n’ai plus envie d’allouer la moindre minute à un outil qui, au lieu de m’enrichir, me pollue rageusement. Mon désintérêt total pour les réseaux sociaux, mon aversion aux publicités intrusives, mon dégoût des sites surchargés qui intègrent des flux sociaux et dont le contenu est soit d’une pauvreté affligeante, soit généré par une AI merdique, me pousse de plus en plus à l’éloignement. Chaque page qui s’ouvre nécessite d’accepter ou de refuser d’être un digital labor, un travailleur bénévole dont l’unique rôle est de se faire capter la valeur générée par ses activités en ligne. Je ne parle même pas du vendredi noir et de toute la boue qu’il déverse sur la toile, des milliards de données diffusées et aspirées pour quelques rares affaires/contenus de qualité. Là où d’autres y voient, avec lucidité, la merdification d’Internet, j’y vois également un royaume de la surenchère propice à l’appauvrissement intellectuel massif,  à l’absence totale de fond qui mène, entre autres, aux fausses vérités, à la domestication et à l’idiocratie. Mon temps en ligne s’est amoindri drastiquement et j’ai définitivement abandonné le désir de partager mon œuvre en dehors des livres et de mon site personnel. Internet était une magnifique opportunité de nous rassembler, de partager, de lutter et d’échanger, de construire et de rêver à un bien commun qui pourrait se répercuter dans la vraie vie, mais la cupidité a encore gagné. Cette note énervée est un peu radicale, je le conçois, mais elle n’est que le reflet de mon allergie numérique du moment.