BRUNO LEYVALÀ propos Journal Notes Boutique

Notes sur l'art, la société, la politique, la culture...


09-10-2024 : Écriture automatique

L’écriture automatique vue par André Breton : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

coded language

l’introduction de mots et de phrases sur le papier : jeux d’écriture et poésie fragmentée. une écriture en ébullition, anarchique, envahit l’espace telle une plante proliférante. elle accompagne les figures et les membres, les tâches de couleurs et les signes/symboles d’une iconographie personnelle, d’un langage intérieur. la magie incantatoire des mots, empruntés aux mythes constitutifs de nos sociétés, appelle des images qui appellent des mots, qui appellent des images… une simultanéité d’informations contradictoires, qui ne prennent véritablement un sens qu’une fois assemblées. un souffle pictural et narratif. un mixage de documents, d’incantations, de références autobiographiques, d’agencements phonétiques, des interrogations, des dénonciations crépitantes, des rafales de mots issues de l’inconscient, de l’écriture automatique, des mass-médias, de la rue et de son langage, des graffitis sur les murs, du jazz au rap, musiques d’improvisation… une mosaïque d’images intérieures, un esthétisme de la fragmentation, un zapping médiatique, un mélange de croquis, notes, logos, dessins déchirés, pages d’écriture griffée, rébus et déclinaisons, répétitions, brides de vies, œuvres inachevées, histoire de l’art remixée, recyclage, sigles, expressions à la mode, argot, de la tâche à la ligne, du collage dadaïste au cut-up beat, du festin nu à la figuration libre, une méthode, une pensée, un totem artistique imperméable au temps, un puits, un réservoir de mots et d’images réutilisables à volonté, toujours réactualisé, toujours réinventé.

Il me semble que le but à atteindre – le désir d’être lu et reconnu, détruit la spontanéité. Faire pour faire suffit à soi-même. Faire dans l’ombre finie par nous éclairer. Le jaillissement d’un texte issu du subconscient est un signe d’honnêteté. Avec l’écriture automatique, ni la conscience, ni la volonté n’interviennent pour parasiter la créativité. Voilà une belle façon d’écrire, d’écrire pour écrire, en toute liberté.

Les rochers ont des pupilles fragiles

Ils parlent sans cesse de l’aube de quelque chose, de renouveau, d’un monde nouveau. Soit ! Nous avons la possibilité d’en faire autre chose, peut-être quelque chose de mieux, d’un peu moins mauvais. Tout n’est qu’une question d’envie pourtant. Sur le haut de la colline, entouré de bois planté, du bois flottant à l’allure noueuse, bien aligné, se dresse un rocher taillé. Un long et puissant rocher qui regarde l’horizon. Les rochers ont des pupilles fragiles. Sur le versant ensoleillé, l’herbe chaude presque brûlée, nous emmène vers un petit village aux toits passés. L’église n’a plus de clocher et la seule route d’accès est obstruée. Le boulanger a les cheveux blancs, à la farine gominée. Il y a de la résistance au passé, un esprit délavé sur les photos des terrasses qui occupaient le pavé.

Ce texte vaut ce qu’il vaut, mais pour moi, il est parfait.


Mes notes sont publiées sous Licence Creative Commons CC BY-SA 4.0 // Flux rss // Data // Mastodon