Vide, la pièce en travaux a fière allure. Archéologue, au milieu des ruines de mon passé. Les caisses empilées sont prêtes à accueillir mes souvenirs, toutes les traces d’une gloire consommée. Des colliers de perles, une rose fanée, quelques cadres de poussière, des pinceaux chinois usés, une carte d’embarquement pour le pays des divinités, des crayons, des polaroids à la fraîcheur passée… Il y a des dessins érotiques aussi : un bout de bras, un pied, une bouche, tout un corps dont la beauté frappe encore ma rétine jusqu’à la faire exploser.

L’atelier est mort, vidé de sa substance, de son âme évidée. À la place, j’érige un nouveau temple qui prend la forme d’un simple bureau. Un bureau pour lire et écrire, épuré, soulagé de toutes mes anciennes œuvres peinturlurées. Sans regret, sans pitié, le grand ménage a commencé.

Ce qui est essentiel matériellement, l’est encore plus humainement. Il faut savoir se préserver des gens qui n’ont que faire de votre souffrance, de votre lumière intérieure, trop centrés sur le profit d’être dans votre périmètre de fragilité.

Avec l’âge, vient la maturité, une forme de sagesse qui ne peut s’amplifier sans adopter une attitude d’autodéfense minimaliste. Moins, c’est plus. Radicalité.

L’attachement est la pire des servitudes.

Sanctuaire, au cœur des débris, je te regarde t’éloigner et je me sens de plus en plus léger.